Fiction 410 by Collectif

Fiction 410 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Elle n'avait pas eu l'intention de rester longtemps, sachant qu'elle souhaiterait vite se retrouver près de Prince. Mais une nuit passée dans la cabane de quelqu'un conduisait à une autre, si bien qu'elle était déjà depuis une semaine à Évasionville, sans avoir reçu aucune nouvelle de sa mère.

La première neige tomba. Les Évasionnistes ne lui avaient pas jeté de pierres, mais ils avaient froid, ils étaient inquiets et se querellaient entre eux. Personne ne savait comment ils allaient résister à l'hiver. Ils avaient pratiquement déboisé le terrain avoisinant pour faire du feu, et tué ou fait fuir toute la faune. Ils avaient péché tous les poissons et cueilli tout ce qu'il y avait à cueillir, mais ce n'était pas suffisant. Une expédition partie en quête de provisions était revenue les mains vides. Certains voulaient lancer un raid contre les Mormons, avec leurs barils de blé dans leurs refuges douillets. D'autres soulignaient leur manque d'armes et conseillaient la prudence. Quant au monde en général, d'après la rumeur, c'était la guerre, et les Feds allaient arriver pour recruter des hommes. On parlait d'atrocités commises dans les camps militaires, d'emprisonnements arbitraires et de représailles contre les familles.

— « Le monde touche à sa fin, de toute façon, comme le dit cette vieille Cassandre noire, » plaisanta quelqu'un avec aigreur. Personne ne rit.

— « Je doute que nous tenions jusque-là, » dit un autre.

— « Si cette vieille garce peut rester en vie au sommet de sa montagne…» La femme, pelotonnée dans sa couverture en haillons, ne termina pas sa phrase. Tout le monde se tut. Ils regardèrent Ren.

Elle ne sentait pas le froid. Elle allait pieds nus, dans sa robe courte, et si quelqu'un lui avait demandé sa robe, elle l'aurait ôtée pour la lui donner. Les Évasionnistes étaient contents qu'elle ne pille plus leurs maigres réserves, gâchant plus de nourriture qu'elle n'en mangeait. Elle travaillait sans se faire prier, dormait n'importe où et déterrait des tourteaux dans la boue à moitié gelée de la berge. Aussi, sa présence ne les dérangeait pas. Ils lui donnèrent même quelques vieux vêtements. Mais ils ne répondaient pas à ses questions. Quand elle demandait s'ils avaient connu sa mère, certains riaient bizarrement, d'autres secouaient la tête.

L'hiver arriva pour de bon. Ceux d'Évasionville avaient des mines sinistres, le visage blanc et pincé.

— « Ce qu'il nous faut, fit Doc d'un ton enjoué, « c'est une fête. »

— « Le monde touche à sa fin, » renifla quelqu'un. « Nous allons tous mourir de faim si nous ne mourons pas d'abord de froid, et il veut faire la fête. »

— « Bien sûr ! C'est le moment ou jamais. J'ai quelque chose qui vous plaira. » Il cligna de l'œil. « Je le gardais en réserve pour une occasion spéciale. »

Ren ne comprit pas tout d'abord le sens de « fête ». Mais quand elle vit qu'il allait y avoir une réunion chez Doc, elle alla le voir.

— « Est-ce que Prince vient ? » demanda-t-elle.

— « Ma parole, si j'avais pensé… ! » Il rugit de rire.



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